Le Voyage dans la Lune, de George Méliès, pur produit du XIXème siècle.

par | 9 Fév 25 | Films cultes de la SF

Sorti en 1902, « Le Voyage dans la Lune » de Georges Méliès est un oeuvre fondatrice du cinéma de science-fiction. Le film incarne l’ingéniosité d’un magicien devenu cinéaste, repoussant les limites techniques et narratives de son époque. Inspiré par ses pairs, il reflète aussi les courants scientifiques, artistiques et idéologiques du XIXe siècle. Ce film pionnier continue d’influencer le septième art et notre rapport à l’imaginaire spatial.

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 Que raconte l’œuvre, pourquoi et comment l’idée est-elle née ?

Synopsis

D’une durée modeste de moins de 13 minutes, “Le Voyage dans la Lune propose un scénario riche et novateur pour son époque. Le récit s’ouvre sur Terre, durant le Congrès du Club des Astronomes, où le professeur Barbenfouillis propose à son assemblée d’accomplir un exploit prodigieux. Il ne demande rien de moins que d’explorer la Lune ! Enthousiastes, lui et ses compères montent à bord d’un improbable vaisseau qui, telle une balle dans un fusil, est inséré dans un gigantesque canon. Le plan suivant, moment emblématique du cinéma, montre la Lune grossissante, laissant apparaître un visage qui reçoit l’obus en plein œil. Cette image de l’astre grimaçant restera inscrite dans la culture comme une représentation clé de l’œuvre de Georges Méliès .

Émerveillés mais exténués par un tel voyage, ils s’endorment à même le sol, mais une tempête de neige les oblige à trouver un abri. Trop curieux pour se réfugier dans l’obus, ils partent à la recherche d’une cache naturelle. Ils découvrent alors une grotte, entrée vers un monde inconnu. Champignons géants et voûtes monumentales forment un paysage insolite. L’excitation du professeur et de ses acolytes est palpable, mais l’enthousiasme laisse rapidement place à l’effroi lorsqu’ils tombent nez à nez avec un Sélénite, une créature humanoïde autochtone. La rencontre, chargée de tension, éclate rapidement en conflit et, très vite, le groupe d’explorateurs se retrouve captif. Menés devant le roi des Sélénites, qui se montre impassible, nos héros ne se laissent pas démonter. Le professeur Barbenfouillis parvient à se libérer de son entrave et se jette sur le roi pour se défaire de cette situation périlleuse.

S’ensuit une course-poursuite à travers les paysages lunaires désolés et abrupts. Nos héros parviennent enfin à rejoindre l’obus, à quitter la Lune et, dans la précipitation, ramènent un Sélénite sur Terre. Leur retour triomphal est célébré dans une déambulation festive. Au milieu d’une population exaltée, on peut voir la créature danser et gesticuler tel un animal que les Hommes ont désormais dompté.

Ces oeuvres qui ont inspiré le film

Sorti en 1902, Georges Méliès a marqué à jamais l’histoire du cinéma avec son film “Le Voyage dans la Lune”. L’œuvre, devenue emblématique, se pare d’effets spéciaux et de décors fantastiques. Une innovation notable à une époque où la tendance est plutôt aux films documentaires, aux cartoons ou aux courtes comédies burlesques. Le réalisateur est donc résolu à proposer une œuvre inédite. Pour autant, l’exploration de mondes perdus dans l’immensité céleste n’est pas une idée novatrice dans les récits de fantasy et de science-fiction. Le monde littéraire s’est déjà emparé depuis longtemps de la question, stimulé par les avancées de l’époque concernant la compréhension de l’espace. Le film de Méliès est clairement inspiré des œuvres de ses contemporains. Parmi les plus connues, on peut citer le roman “De la Terre à la Lunede Jules Verne et le roman “Les Premiers Hommes dans la Lune de Herbert George Wells .

Il est fort probable que ces mêmes auteurs aient été inspirés par des œuvres plus anciennes, comme le roman “Le Songe ou l’Astronomie lunaire, écrit en 1608 par Johannes Kepler , le célèbre astronome allemand. Dans les annotations de son roman, Kepler destine une partie de ses annexes à la sélénographie, une discipline scientifique visant à observer et cartographier la surface visible de la Lune. Son roman inspirera bon nombre d’artistes, qui reprendront ses écrits pour donner le nom de Sélénites aux habitants de la Lune. Toutes ces œuvres, ainsi que les avancées scientifiques qui les ont accompagnées, ont contribué à créer un terrain fertile pour les fantasmes liés à l’observation de l’espace. Et quoi de plus inspirant que le cosmos pour un réalisateur passionné de magie ?

Un point sur le contexte de l’époque

Au XIXe siècle, beaucoup de regards se tournent vers le ciel nocturne pour tenter d’en percer les mystères. Les avancées techniques dans le domaine de l’astronomie permettent une meilleure observation de l’espace, ce qui ne cesse d’accroître la ferveur de la communauté scientifique. Le daguerréotype, un procédé photographique inédit, marque un tournant dans la discipline en permettant de conserver plus précisément les observations faites du cosmos. C’est avec ce procédé que la toute première photographie de la Lune est saisie, en 1840, par John William Draper . Le ciel fascine le monde dans une époque qui connaît un sursaut industriel et technologique.

Cet élan s’accompagne d’une forte vulgarisation, et la science, loin de se cantonner au rôle de muse privilégiée des savants, inspire aussi le grand public. De nombreuses créations artistiques émergent, notamment dans la littérature, où les auteurs de l’époque développent des spéculations fantastiques. Un genre nouveau éclos depuis peu : la science-fiction, qui imagine l’espace comme un monde exotique disponible à l’exploration, du moins pour les spéculations de l’imaginaire qui, comme la nature, ne peut se satisfaire du vide. Là où les récits précédents utilisaient encore les arcanes du surnaturel pour faire voyager les personnages à travers le cosmos, la SF s’appuie sur des éventualités probables, avec bien évidemment pour base les connaissances encore fraîches des dernières avancées scientifiques du XIXe siècle.

La popularité de l’espace s’inscrit dans l’effervescence de cette époque charnière marquée par les fortes avancées industrielles. La mécanisation et la production à grande échelle accompagnent l’essor des grandes industries qui, pour leur fonctionnement, exigent toujours plus de ressources et de matières premières. Pour y répondre, les grandes puissances économiques durcissent leur politique dans les colonies et exigent une productivité toujours plus intense. “La politique coloniale est fille de la politique industrielle”, dira Jules Ferry à ce propos. Cette expansion s’habille d’une propagande colonialiste, et la démonstration de mondes nouveaux et de contrées exotiques devient un phénomène populaire. Friand de paysages, de faune et de flore exotiques, le grand public aime les représentations fantasmées de l’Orient, de l’Afrique et autres provinces dites « non civilisées ». Les habitants des colonies n’échappent pas à cette tendance. L’autochtone intrigue et fascine autant qu’il suscite l’inquiétude, à une époque tristement célèbre pour ses zoos humains. Lors de l’Exposition universelle de Paris en 1889 , on expose d’ailleurs près de 400 hommes, femmes et enfants africains, tels des animaux en cages .

Ces mondes et leurs peuples, bien mal connus du grand public, sont autant d’attractions qui ne manquent pas d’inspirer les artistes. Alors que l’Occident s’emploie à déformer l’image des colonies, les œuvres fictives profitent de la tendance pour imaginer des sociétés jusqu’alors inconnues. Des civilisations sont inventées, sous terre ou sur d’autres planètes, et le phénomène déteint sur les attractions foraines, très populaires à l’époque. En effet, la vulgarisation scientifique passe en partie par des démonstrations ludiques, et quoi de mieux que la SF pour sensibiliser le public à cette discipline et à ses multiples branches ? L’attraction foraine américaine “A Trip to the Moon (Le Voyage sur la Lune en français) en est un parfait exemple. Considéré comme l’un des tout premiers “Dark Rides” (aussi appelés “Ghost Train” ou “Train Fantôme”), il témoigne de l’engouement du public pour l’inexploré. Cette attraction n’échappe d’ailleurs pas à Méliès qui, conscient du succès grandissant de la science et de la magie par laquelle elle peut être véhiculée, s’emploie à réaliser l’un des chefs-d’œuvre les plus emblématiques de l’histoire du cinéma.

En somme, le XIXe siècle, avec ses prouesses extraordinaires autant que ses aspects les plus sombres, a finalement été le terreau idéal pour la réalisation du film “Le Voyage dans la Lune”. L’Exposition universelle de 1900 à Paris, qui présente le Sidérostat, un télescope révolutionnaire, témoigne de l’avancée et de la popularité des sciences et de l’astronomie à l’époque. Durant le même événement, les frères Lumière projettent sur un écran de 21 par 16 mètres des films en noir et blanc pour faire la démonstration de leur invention : le cinématographe. Avec ça, la représentation de mondes exotiques fantasmés a participé, qu’on le veuille ou non, à l’esthétique des premières œuvres de science-fiction moderne. Dans son roman « La Guerre des Mondes » , H. G. Wells ne porte-t-il pas un regard critique sur les dangers du colonialisme ? Cet ensemble donne naissance aux paysages chaotiques que l’on peut voir dans “Le Voyage dans la Lune”, ainsi qu’aux Sélénites, peuple adoptant tous les codes de la représentation du “sauvage” de l’époque. Bien qu’il soit novateur, le film est un pur produit du XIXe siècle, mais c’est bien la créativité et la sensibilité de Georges Méliès qui en font une œuvre fondatrice ayant marqué la pop culture et inspirant encore aujourd’hui.

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 George Mélies, le Mage de Montreuil

La prestidigitation, terreau du cinéma de genre ?

Avec un parcours atypique et profondément marqué par les arts, et tout particulièrement par la prestidigitation, Méliès semble destiné à émerveiller son auditoire. Production de caricatures, réalisation de décors, présence scénique : le cinéaste acquiert de précieuses compétences qui lui serviront à perfectionner ses spectacles de magie. Il se montre créatif et déterminé à proposer quelque chose de novateur à un public sollicité par les nombreuses inventions qui marquent l’époque. C’est par son goût pour l’illusion qu’il se démarque, et l’appareillage des frères Lumière l’incite à mettre en œuvre ses idées par le biais de la projection d’images. Avec des effets comme le rétrécissement de personnages, les fondus ou encore l’arrêt de la caméra, Méliès s’approprie le média en repoussant les limites techniques. Investi dans son ouvrage, il endosse à la fois les rôles de producteur, de réalisateur, de technicien et d’acteur en ouvrant deux studios à Montreuil qui lui servent à réaliser ses films. Sa marque déposée, La Star Film , lui permet ainsi d’encadrer sa production. L’art de l’illusion marquera résolument sa patte : un style poétique, inventif et ludique, qui laissera un héritage puissant pour l’avenir de la production cinématographique et télévisuelle.

Malgré quelques critiques acerbes concernant cette nouvelle méthode de narration par l’image, le média gagne en popularité. Thomas Edison , avec son Kinétographe, et les frères Lumière, avec leur cinématographe, ont réussi à capter l’attention du public. Pour l’anecdote, Georges Méliès avait fait une offre aux frères Lumière pour racheter leur invention, mais ceux-ci la déclinèrent. Convaincu par l’impact de ce nouveau procédé, Méliès se tourne vers l’Isolatographe des frères Isola , deux prestidigitateurs qui, avant Méliès, avaient déjà eu l’idée d’utiliser la projection d’images dans leurs spectacles. Il se tourne également vers son ami Robert William Paul , pionnier du cinéma britannique, à qui il achète son Théatrographe, un équivalent du cinématographe des frères Lumière. Si ces ingénieurs de talent ont permis la naissance du cinéma, c’est le film “Le Voyage dans la Lune” qui marquera un tournant dans cette industrie naissante.

Dans cette œuvre, tous les ingrédients nécessaires à l’émergence du septième art sont présents pour permettre l’explosion foisonnante d’œuvres emblématiques. Nombre de réalisations suivront le travail de Méliès au cours des décennies à venir. Du film “Flash Gordon de Mike Hodges à la saga “Avatar de James Cameron , l’exploration de l’espace et la rencontre avec des civilisations extraterrestres resteront une thématique quasi incontournable dans l’esthétique du cinéma de genre. La magie et l’émerveillement que ce type de récit suscite auprès du public ont d’ailleurs eu un succès international dès la sortie du film de Méliès. Rapidement, “Le Voyage dans la Lune” traverse l’océan pour être projeté sur les écrans américains. À ce succès s’accompagne une problématique de taille : le piratage de films, déjà en place à cette époque.

Le vol de brevet : Retour brutal à la réalité

Le film, qui rencontre un succès majeur, se voit piraté sans bornes, ce qui incite Georges Méliès à ouvrir une antenne aux États-Unis pour défendre son œuvre. Il y envoie son frère Gaston , lui aussi cinéaste, afin de protéger ses intérêts à une époque où le copyright n’existe pas encore dans l’industrie du cinéma. Une manœuvre en somme très audacieuse, car Georges Méliès a lui aussi copié bon nombre de films qu’il projette au théâtre Robert-Houdin , une salle de spectacle qu’il a rachetée pour la diffusion de son art. De nombreuses copies du film sont produites, réalisées à l’identique, sans que La Star Film ne bénéficie d’aucun droit.

Méliès s’expose cependant à un autre risque : il perfore ses pellicules de quatre paires de trous rectangulaires pour optimiser le défilement des bobines de ses films. En effet, le kinétoscope rencontre lui aussi un piratage d’ampleur et utilise ce système de perforation sur des bobines de 35 millimètres. Soucieux de voir son film projeté sur un maximum d’appareils, Méliès décide donc d’utiliser cette technique. Le procédé, breveté par Thomas Edison, est jalousement protégé suite à de nombreuses contrefaçons. L’antenne américaine de La Star Film étant à portée d’Edison, celui-ci poursuit Méliès, qui est sous sa juridiction. Après une longue succession de procès, un accord est finalement trouvé entre les différentes parties : les copies contrefaites des films de Méliès sont exploitées par Edison pour pallier les préjudices encourus.

La contrefaçon marque déjà l’industrie du cinéma, qui vient à peine d’émerger, et contre toute attente, ce sont bien les copies illégales du film “Le Voyage dans la Lune” qui permettront de conserver ce chef-d’œuvre. Alors que les procès contre Edison marquent le début du déclin de La Star Film, celle-ci devient dépendante de Pathé pour la distribution de ses films. Peu à peu Pathé prend le contrôle éditorial sur la production. Ruiné, Méliès vend ses bobines aux attractions foraines et brûle même une partie de son œuvre dans sa propriété de Montreuil. Comme pour achever l’aventure, la Première Guerre Mondiale éclate, le théâtre Robert-Houdin est fermé et de nombreuses bobines originales sont fondues pour en récupérer l’argent ou transformées en talonnettes pour les soldats alors au front.

Plus tard, les recherches menées sur l’histoire du cinéma permettront de retracer le travail de Méliès. Et c’est notamment grâce aux copies piratées que le film “Le Voyage dans la Lune” est finalement conservé.

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 Quel héritage nous a laissé « Le Voyage dans la Lune » ?

Première œuvre de Planet Opera ?

Voyage interstellaire, paysages exotiques, rencontres avec des civilisations extraterrestres… tout est là pour poser les bases visuelles et narratives d’un genre encore très influent dans la science-fiction. Mais ‘Le Voyage dans la Lune” est très loin de marquer le point de départ de la science-fiction, puisque plusieurs œuvres littéraires avaient déjà exploré ce genre avant lui. Toutefois il s’agit de la toute première œuvre de science-fiction de l’histoire du cinéma. De par sa thématique et son esthétique, il pourrait être considéré comme pionnier dans le genre cinématographique. On pourrait presque dire que le film de Méliès est la première œuvre cinématographique de Planet Opera .

Mais Georges Méliès n’est pas le seul artiste à baser ses récits sur des mondes exotiques. « Le Livre de la Jungle de Rudyard Kipling illustre parfaitement la fascination du public occidental du XIXe siècle pour les contrées qu’il méconnaît. Dans le registre du Planet Opera, le singulier “Star ou Ψ de Cassiopée : Histoire merveilleuse de l’un des mondes de l’espace, nature singulière, coutumes, voyages, littérature starienne, poèmes et comédies traduits du starien (oui, tout ceci est un titre de roman), écrit par Charlemagne Ischir Defontenay , explore une planète, ses civilisations, ses coutumes et son système solaire complexe, offrant aux lecteurs et lectrices une épopée fantastique sur un monde étranger.

Avec ses pairs, Méliès contribue, peut-être sans le vouloir, à lancer une mouvance qui n’aura de cesse de se développer avec le temps. Reprenant les codes visuels de la peinture orientaliste et la thématique du voyage dans l’espace, le Planet Opera porte encore aujourd’hui un regard sur le concept de colonisation. Si Jules Verne et Mary Shelley sont les pionniers du Steampunk, Méliès pourrait bien être l’un des pères fondateurs du Planet Opera.

Par son génie créatif et l’utilisation inventive de techniques qu’il a assimilées et perfectionnées au cours de son parcours artistique, Méliès a légué un héritage précieux : celui de pouvoir rêver le temps d’un film. Quel plaisir de retrouver la fascination naïve de notre enfant intérieur, celui qui s’émerveille devant une œuvre nous transportant au-delà de la Terre ! Des créations qui invitent à rêver, mais qui offrent aussi de puissants axes de réflexion sur les problématiques et les enjeux auxquels nous devons faire face aujourd’hui.

De la colonisation aux préoccupations environnementales, le Planet Opera a su se réapproprier les codes hérités des artistes pionniers et de leurs œuvres. Aujourd’hui, comme souvent dans la science-fiction contemporaine, ce sous-genre nous invite à nous réconcilier avec la nature et à redéfinir notre place en son sein. Les dangers d’une planète exotique ne sont plus un prétexte pour dompter un monde soi-disant en attente d’être civilisé, mais une invitation à repenser notre rapport au vivant. Il met aussi en avant la brutalité de la colonisation économique et politique contemporaine, héritage d’une hégémonie destructrice issue de la révolution industrielle.

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